le logement social comme remède anti-crise

Publié le par Lili


On les entendait pourtant partout, les thuriféraires du marché : le logement social c’était la plaie.  Il apportait une concurrence déloyale à l’offre privée de logement, tirait les prix de la location vers le bas, favorisait l’environnement de logements convenables par des ménages à bas revenus aux mauvaises fréquentations qui faisaient baisser la valeur des quartiers à l’aune de leurs mauvaises habitudes. “Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien le travailleur français sur le palier devient fou (…). Et ce n’est pas être raciste que de dire cela” pouvait ajouter notre ancien président.

 

Et bien aujourd’hui, c’est le retour en grâces et le logement social est paré de toutes les vertus. Ici (cf. la dépêche ), il rachète les programmes immobiliers en déshérence et tire ainsi une belle épine du pied de promoteurs imprudents. Il n’est pas innocent de constater que ce sont des pavillons réalisés dans le cadre des dispositifs de défiscalisation Robien et Scellier, un peu la quintessence des mesures de soutien à l’investissement locatif privé, qui tombent ainsi dans l’escarcelle d’un organisme de logement social.

 Là, c’est le logement social comme “atténuateur de la crise immobilière” qui est loué. L’argument de l’article est simple : soutenus par l’Etat, moins sensibles aux fluctuations des bourses et des organismes de prêt et des assurances, les organismes de logement social ont maintenu partiellement leur cap pendant que la tempête boursière obligeait bon nombre d’opérateurs privés à baisser pavillon.

Grâce à eux, les entreprises de construction ont partiellement continué à travailler pendant la crise, alors que les projets privés étaient annulés, suspendus ou reportés à des jours meilleurs. Pendant que la production immobilière globale baissait de 37%, la production de logement social ne baissait “que” de 15%, ce qui est certes considérable mais deux fois moindre. C’est ainsi que le logement social se retrouve de fait à atténuer la crise de la construction, ce qui ne manque pas de sel, surtout si on se souvient que la crise, sans doute inévitable sur le fond, a trouvé son étincelle dans celle des subprimes, dispositif américain de prêts immobiliers aux ménages modestes dans un pays où le logement social est quasi inexistant. La crise frappe encore le plus durement les pays (Espagne, Royaume-Uni…) qui ont érigé la propriété et le privé en modèles absolsu. La Franc était il y a encore deux ans en retard par rapport à ces pionniers du libéralisme immobilier. Mais quand la perspective se retourne, le petit dernier prend vite une longueur d’avance.

Les problèmes du logement social ne sauraient être pour autant sous-estimés et l’article a beau jeu de les énumérer, avant d’en appeler à un logement social renouvelé de qualité. Plus facile à dire qu’à faire. Souhaitons aux logeurs sociaux d’avoir le triomphe agréable mais rapide, car l’avenir n’attend pas et les retournements de tendances peuvent se suivre et ne pas se ressembler !

Publié dans Politique

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